Fontaine du tonnelier Jacques (Küferjockelshütt)

Proche de La Petite Pierre, au milieu de nulle part, la fontaine du tonnelier Jacques (Küferjockelshütt) est située non loin de la route d'Eschbourg sur le GR 532. A l'abandon, cette source avait été captée en 1967 pour alimenter la maison forestière du Galgenhübel qui se trouve à 500m et ce jusqu'en 1983, date du raccordement de celle-ci au réseau d'eau potable.

L'origine et l'histoire de l'implantation d'un habitat n'ont pour l'instant pas encore été établies. Mais comme le dit l'appellation, il est vraisemblable qu'une personne prénommée Jacques (Jockel), tonnelier de son état avait occupé cet endroit charmant, ceci certainement après 1700. Une telle installation d'artisans du bois, en forêt, n'est pas étonnante. Les charrons, par exemple, y façonnaient leurs ouvrages, ils pouvaient prélever tout le bois nécessaire moyennant une somme forfaitaire en fonction du nombre de salariés. Les charbonniers, eux aussi, passaient une grande partie de leur vie dans des huttes à proximité de leur lieu de travail.

Cependant, le comte de La Petite Pierre constatant que quelques malfrats abusaient de ce privilège y mit un terme en 1746. Il donna ordre aux forestiers de garder les cabanes sous un strict contrôle. Celles qui étaient superflues furent immédiatement détruites et aucune installation litigieuse ne fut tolérée. Cet arrêté signifia la fin de la cabane du "Sester Peter", un fabricant de boisseaux près de la "Küferjockelshütt". Auparavant notre  "Küferjockel" y habitait personnellement.

Les conditions naturelles : la source, le terrain, l'endroit abrité etc...sont les facteurs qui prédestinaient ce lieu pour l'installation d'un habitat. Il n'est pas surprenant qu'une vingtaine d'années plus tard, un garde forestier demanda l'autorisation d'y construire une habitation. Seule cette demande à ses supérieurs fait allusion à notre " Küferjockel ". Par ailleurs le forestier appuya sa demande par un argument plus réaliste : ayant trouvé normal qu'au vu du bois volé en forêt il serait judicieux de m'installer dans un baraquement au lieu autrefois occupé par le " Sester Peter", lieu également appelé "Küferjockelshütt" La commune de Lohr, qui exerçait le droit de pâture sur cette parcelle avait déjà donné son accord. De plus notre zélé forestier mit en avant : habitant à proximité de la route, je pourrais mieux surveiller les charretiers de Lohr et de Petersbach . Malgré ces arguments la demande fut rejetée le 30 avril1766. L'administration était, par principe, opposée à toute nouvelle installation en forêt.

Néanmoins, grâce à son obstination, le garde-forestier Stieg gagna l'administration à sa cause et finit par habiter, en 1774, au- dessus du Menzthal au lieu-dit "Küferjockelshütt ". Son idéal était atteint, mais la promiscuité de son baraquement finit par lui peser. En contrebas, au fond du sombre " Menzthal " se trouvaient deux prés dont il avait la jouissance, c'est là que son étoile le mena. Avec le consentement des autorités, il s'y construisit un baraquement solide et spacieux qu'il occupa en 1775.

Mais bientôt, dans ce morne " Menzthal ", il regretta sa baraque près de la "Küferjockelshütt". Il réfléchit et en 1782 émigra à nouveau là-haut. Pourquoi ne pourrait-on pas concilier rêve et réalité' Le garde forestier Stieg souhaitait une habitation confortable; une maison forestière comme celle construite récemment par l'administration à la " Rotlach " lui conviendrait parfaitement. L'administration ne suivit pas son idée, du moins pas encore! Il resta donc dans sa baraque qu'il quitta probablement en 1789 fuyant devant les révolutionnaires en raison de l'insécurité régnante, ce que fit également son collègue de la Rotlach, qui en septembre se mit sous protection de la garnison de La Petite Pierre.

Depuis cette date personne ne s'est plus établi dans cet endroit accueillant. Le garde forestier avait fait preuve d'une certaine clairvoyance en demandant la construction de la maison forestière, De nombreuses années plus tard - après sa mort - l'administration fit construire la maison forestière du "Galgenhübel " toute proche.

Nous devons à ce tonnelier Jacques toute notre reconnaissance. Nous pouvons l'imaginer en homme libre, libre de ses pensées et de ses actes. Un homme dont le souvenir s'est perpétué jusqu'à ce jour, grâce aussi à ce site qui porte son nom.

 

Extrait  d'un article de M. Will paru aux DNA en 1947.

 

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