La chapelle du KIRCHBERG

Le "Kirchberg", une des plus anciennes églises d’Alsace, appartenait à l’abbaye de Wissembourg, en 716. Par la suite et durant sa longue histoire, elle appartenait successivement à l’abbaye de Neuwiller, à la fondation St-Blaise de Sarrewerden, pour aboutir à celle des Nassau-Saarbrücken au 18e siècle.

Ce joyau architectural de l’Alsace Bossue se trouve aujourd’hui seul, isolé au sommet d’une colline, sur un site particulièrement remarquable. Sa tour ronde, dont la première construction date du 12e siècle, est flanquée d’une petite nef complétée par une entrée décalée. Son chœur gothique parfois délabré au fil du temps mais souvent restauré par la suite, date du 14e et 15e siècle.

Un petit village nommé Berg se trouvait jadis à proximité de cette église remarquable, située sur le plateau, en bordure d’une vaste cuvette. En l’absence de vestiges archéologiques dans sa proximité Sud et Ouest, on pense que la localité fut plutôt située sur les versants Nord et Est. En effet, on y retrouve encore de nos jours des monceaux de pierres, vestiges d’anciennes demeures. Les paysans cultivaient dans les alentours immédiats une terre aride et caillouteuse. Ils devaient ramener péniblement les récoltes plus substantielles des terres plus fertiles, situées dans la plaine au pied de la colline. Ce fait, avec d’autres, incita peut-être une partie des habitants à transférer progressivement leurs habitations au pied de la colline, et de créer ainsi, en premier, le village de Thal, à partir du 14e siècle.

En 1542, le village de Berg sur la colline comptait 23 familles et 6 domestiques, alors que Thal comptait déjà 14 familles et 5 domestiques. On situe l’amorce de la création du Berg actuel avant la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le village initial, dont les maisons étaient groupées autour de l’église, sera complètement abandonné. L’église dédié à St Martin, resta en fonction sur le Kirchberg pour les deux nouveaux villages (Berg et Thal). Les fidèles s’y rendirent par Berg, soit par un sentier (Kirchbergpfad), soit par un chemin qu’ils empruntaient pour acheminer le corbillard le jour des enterrements (Doodewäj). De nos jours il n’en reste que l’église flanquée par l’ancienne maison d’école située au milieu de quelques tombes d’un petit cimetière.

A l’introduction de la Réforme, en 1557, elle servit uniquement au culte protestant. En 1686, on y introduisit le simultaneum. Les offices catholiques étaient alors assurés par un jésuite établi à Sarre-Union. A partir de 1697, la liturgie y est célébrée par le curé de Burbach. En 1773, c’est la fin du simultaneum, par la construction d’une nouvelle église protestante à Berg. L’église initiale (Kirchberg) retourne alors au culte catholique, mais dépérit par manque de fidèles assez nombreux pour la fréquenter. Elle est remplacée dans sa fonction à partir de 1889 par une nouvelle église catholique érigée à Thal, avec les pierres résultant de la démolition d’une grande partie de la nef du Kirchberg. En 1893, elle est complètement désaffectée. A partir de 1904, on lui attribue tout de même le titre de "monument historique", pour veiller à sa conservation.

Après 1918, le Kirchberg est devenu un lieu de pèlerinage catholique dédié à la Vierge Marie. Il a subi les affres de la guerre 1939/45, pour n’être plus qu’une ruine à la fin des hostilités. Cependant, l’antique tour qui fut dynamitée en 1944 a été reconstruite à l’identique en 1947.

A partir de 1986, des bénévoles de tous horizons, tant catholiques que protestants, se regroupèrent pour fonder l’Association pour la Sauvegarde du Kirchberg (ASK) qui depuis lors, en lien avec le Conseil de Fabrique de la paroisse de Berg et Thal, a remis en valeur le site et en assure l’animation culturelle. De nos jours, cette église a été entièrement restaurée. Actuellement le Kirchberg sert de lieu de pèlerinage à la communauté catholique de la région. En effet chaque dimanche, de mai à septembre et spécialement le 15 août, une messe y est célébrée. Par ailleurs, l’ensemble du site est devenu un centre d’attraction touristique au cœur de l’Alsace Bossue.
[d’après Charles SERFASS. La Tourmente 1525. Avec l’aimable autorisation de l’auteur]


Article paru dans Catholique en Alsace Bossue n° 30 – Janvier à mars 2008

 

Retour haut de page                  Site suivant